Dans une démarche sans précédent pour faire face à une grave crise de sécheresse qui menace la sécurité de l’eau, Bagdad a signé un accord-cadre avec Ankara liant les exportations de pétrole irakien à des projets hydrauliques turcs afin de sauver le Tigre et l’Euphrate de décennies de pénuries d’eau record.
Les entreprises turques construiront des barrages et des systèmes de réhabilitation des sols afin d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau en Irak, en échange d’un financement par le biais d’un fonds spécial alimenté par les recettes de la vente de quantités quotidiennes de pétrole brut convenues d’un commun accord.
Selon Thorkhan al-Mufti, conseiller du premier ministre irakien, l’accord constitue pour la première fois un mécanisme contraignant qui garantit un débit d’eau durable dans les deux fleuves, en tenant compte des besoins réels de l’Irak pour l’agriculture, l’industrie et la consommation humaine.
Malgré l’optimisme du gouvernement à ce sujet, l’accord a suscité un large débat parmi les experts et les opposants, qui y voient une dépendance excessive à l’égard de la Turquie, qui contrôle les sources des fleuves.
« En Turquie, nous nous efforçons de soutenir la sécurité, le développement et la protection de l’Irak, et notre soutien à cet égard est incontestable », a déclaré le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan.
Le politicien irakien Shorok Alapayashi a exprimé des préoccupations éthiques, affirmant que le fait de lier l’eau aux revenus pétroliers violait les principes internationaux de la diplomatie de l’eau et que l’eau était un droit de l’homme qui ne devait pas être traité comme une marchandise.
L’accord intervient dans un contexte de grave crise de l’eau en Irak, où les niveaux d’eau du Tigre et de l’Euphrate ont atteint des records de baisse, menaçant l’agriculture et la sécurité alimentaire de millions de personnes.