À l’occasion de la Journée mondiale de la population, le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP)et le Haut Commissariat au Plan (HCP) lancent un appel urgent pour repenser les politiques sociales et économiques au Maroc, à la lumière de la baisse des taux de fécondité et du fossé qui se creuse entre le désir d’avoir des enfants et la capacité à les réaliser. Selon le rapport sur l’état de la population mondiale 2025, un tiers des Marocains admettent ne pas avoir autant d’enfants qu’ils l’auraient souhaité, et le principal obstacle n’est pas le désir, mais les circonstances.
Le rapport, intitulé « La véritable crise de la fertilité : La quête de la liberté de choix dans un monde en mutation ». Basée sur des études et des enquêtes de terrain couvrant 14 pays, dont le Maroc, l’étude a montré que les pressions économiques sont la principale raison de la réticence de nombreuses personnes à avoir des enfants. Cela signifie que le faible taux de fécondité ne reflète pas nécessairement un déclin du désir de fonder une famille, mais plutôt une incapacité croissante à satisfaire cette aspiration dans un environnement défavorable.
Marielle Sander,représentante de l’UNFPA au Maroc, a souligné que cette occasion n’est pas seulement un événement symbolique, mais un moment pour mettre en lumière les profonds changements démographiques que connaît le Maroc. Elle a déclaré que la baisse du nombre de naissances n’est pas un indicateur négatif en soi, mais plutôt un signe de la nécessité de réformes,en particulier dans les domaines suivants Droits génésiques, autonomisation des femmes, éducation, santé sexuelle et génésique .
Mme Sander a souligné que le Maroc a encore une occasion en or de tirer parti du « dividende démographique », à condition d’investir dans l’éducation, en particulier celle des filles, de créer des emplois pour les jeunes et de promouvoir l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale. Elle a également appelé à réhabiliter l’économie de soins, àrépartir plus équitablement le fardeau de la parentalité et à créer un environnement qui permette aux femmes et aux hommes de prendre la décision de se reproduire librement et de manière responsable.
Pour sa part, Chakib Benmoussa, Haut Commissaire au Plan, a présenté une lecture analytique rigoureuse basée sur les résultats préliminaires du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2024. Il a mis en garde contre les lectures hâtives ou idéologiques de la réalité démographique, soulignant l’importance d’une compréhension profonde des changements structurels.
Le taux de fécondité au Maroc a fortement diminué, passant de 5,5 enfants par femme en 1982 à 2,2 en 2025, alors que l’urbanisation s’accélère et que les disparités géographiques et sociales persistent, malgré les progrès en matière d’éducation et de lutte contre la pauvreté.
Il a souligné les défis que représente la fourniture d’une éducation de qualité dans les zones rurales où le nombre d’enfants est en baisse, notant que les écoles avec peu d’élèves représentent un défi qualitatif. Il a également insisté sur la nécessité d’adopter des politiques fondées sur des données fiables, notant le lancement de nouvelles recherches sur la famille et une étude à venir sur la budgétisation du temps dans les familles marocaines.
Benmoussa a conclu en insistant sur la nécessité de piloter les politiques publiques à petite échelle avant de les généraliser, conformément à l’esprit du nouveau modèle de développement axé sur la flexibilité, l’efficacité et la durabilité.