La Turquie connaît une vague de protestations à la suite de l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul et l’un des principaux opposants au président Recep Tayyip Erdogan. Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour exprimer leur désapprobation, ce qui a incité les autorités à fermer de nombreuses routes d’Istanbul et à interdire les rassemblements pendant quatre jours, dans une tentative apparente de freiner l’escalade de la colère populaire.
Malgré les restrictions de sécurité, les manifestants se sont rassemblés devant le quartier général de la police d’Istanbul, brandissant des banderoles avec des photos d’Imamoglu et appelant à sa libération. Ils ont également scandé des slogans contre le gouvernement, tandis que les forces de sécurité ont imposé un cordon serré autour de la scène pour empêcher les manifestations de s’étendre.
Plus tard, des milliers de personnes se sont rassemblées devant le bâtiment de la municipalité d’Istanbul, où le chef du Parti républicain du peuple (CHP)d’Imamoglu a prononcé un discours virulent dans lequel il a accusé le gouvernement de mener un « coup d’État politique » contre la volonté du peuple, affirmant que l’arrestation d’Imamoglu reflétait l’utilisation du système judiciaire comme outil politique pour exclure les opposants.
Les autorités turques accusent Imamoglu de corruption et de collusion avec des organisations terroristes désignées par l’État, mais l’opposition estime que ces accusations sont fabriquées de toutes pièceset ne visent qu’à saper sa fortune politique, d’autant plus qu’il est considéré comme le principal rival d’Erdogan pour les prochaines élections. Outre Imamoglu, une centaine de personnes de son entourageont été arrêtées, ce qui ne fait qu’attiser la colère de l’opinion publique et les tensions politiques.
Les analystes soulignent qu’Erdogan s’efforce de rester au pouvoir pour un troisième mandat, alors que la constitution turque n’autorise un président qu’à effectuer deux mandats. Pour surmonter cet obstacle, deux options s’offrent à lui : Soit modifier la constitution par le biais du parlement, soit appeler à des élections anticipées, ce qui, pour beaucoup, est la véritable raison de ces actions politiques controversées.