La ville de Casablanca a été le théâtre lundi de manifestations massives de dizaines de chauffeurs-livreurs travaillant pour Glovo, qui sont descendus dans la rue pour exprimer leur rejet de la détérioration de leurs conditions de travail et pour protester contre l’adoption par la société d’une carte montrant le Sahara marocain comme une région distincte classée comme « Sahara occidental ».
Portant leurs casques et leurs sacs de livraison jaunes distinctifs, les chauffeurs sont apparus avec des slogans dénonçant ce qu’ils décrivent comme « une atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Maroc », en se référant à la carte de l’application Glovo. Selon les manifestants, cette initiative a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Conditions de travail injustes et coûts élevés
Les manifestants ont exprimé leur profond mécontentement à l’égard d’un système de travail qu’ils considèrent comme injuste, car ils sont seuls responsables de toutes les dépenses liées à l’exercice de leurs fonctions, y compris l’achat et l’entretien des motos, le carburant, l’assurance et l’équipement, alors que leurs revenus sont limités et suffisent à peine à couvrir leurs frais de subsistance quotidiens.
Glovo est détenue à 94 % par la société allemande Delivery Hero, qui a déjà fait l’objet de critiques internationales pour ses pratiques concurrentielles. En juin, la Commission européenne a imposé une amende de 106 millions d’euros à Delivery Hero pour des violations liées à des accords de non-concurrence entre entreprises.
Des manifestations de grande ampleur et des revendications claires
Les récentes manifestations à Casablanca s’inscrivent dans le prolongement d’une vague d’actions qui a débuté au début du mois de juillet, les chauffeurs-livreurs ayant organisé des arrêts de travail similaires dans un certain nombre de villes marocaines. Leurs principales revendications sont les suivantes :
- Améliorer les salaires et garantir un salaire minimum équitable.
- Fournir une couverture d’assurance complète.
- Soutien financier pour l’acquisition de matériel professionnel.
- Reconnaître leur droit à s’organiser.
Malgré l’escalade des protestations, la succursale de Glovo au Maroc continue de rester silencieuse, exacerbant le sentiment des chauffeurs d’être ignorés et les faisant se sentir comme des outils de travail invisibles alors qu’ils sont la pierre angulaire du travail de la plateforme.
Un modèle économique fragile face à la résistance
Fondée en 2014 à Barcelone, Glovo s’est rapidement développée avec le soutien de grands investisseurs, dont le fonds souverain d’Abu Dhabi. Cependant, son modèle économique basé sur le « travail temporaire précaire » a été largement critiqué dans un certain nombre de pays, avec un mouvement croissant de livreurs qui réclament leurs droits.
Les chauffeurs de Glovo au Maroc semblent déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation, soulignant qu’ils ne reculeront pas tant que leurs revendications ne seront pas pleinement satisfaites, tant en termes de dignité professionnelle que de souveraineté nationale.
Ces manifestations révèlent à la fois la sensibilité de la question de l’intégrité territoriale du Royaume et la colère sociale croissante liée aux conditions des travailleurs dans l’économie des plateformes numériques, qui a suscité un vaste débat sur les droits du travail et la justice sociale.