Des experts des Nations unies, ainsi que plus de 400 femmes iraniennes, ont demandé aux autorités de Téhéran d’annuler la condamnation à mort de Zahra Tabari, ingénieur électricien de 67 ans et militante des droits de la femme, estimant que le verdict constitue une violation flagrante de la justice et des normes en matière de droits de l’homme.
Selon les experts de l’ONU, le verdict a été rendu fin octobre à l’issue d’un procès qualifié de « simulacre », sur la base de deux éléments de preuve seulement : Un morceau de tissu portant le slogan « Femmes, Résistance, Liberté », lié aux manifestations de 2022, et un enregistrement audio non publié. Les autorités iraniennes ont affirmé que le militant avait l’intention d’accrocher le morceau de tissu comme slogan de protestation dans un lieu public.
Selon les mêmes informations, Mme Tabari a été arrêtée lors d’une descente à son domicile sans mandat d’arrêt, avant d’être soumise à près d’un mois d’interrogatoires, au cours desquels elle a été placée à l’isolement et a subi des pressions pour avouer des activités armées présumées et son appartenance à un groupe d’opposition.
Le procès s’est déroulé à distance par vidéoconférence et n’a pas duré plus de dix minutes. L’accusée a été privée de son droit de choisir un avocat, et le tribunal lui en a désigné un. La peine de mort a été prononcée immédiatement après la brève audience, sans aucune garantie de procès équitable.
Les experts de l’ONU ont noté que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que l’Iran a ratifié en 1975, limite l’application de la peine de mort aux « crimes les plus graves », à savoir le meurtre, ce qui n’est pas applicable dans le cas de Tabari.
« L’exécution d’une peine de mort dans de telles circonstances constitue une exécution arbitraire », ont déclaré les experts dans leur déclaration, ajoutant que la criminalisation de l’activisme féministe pacifique et l’interprétation des slogans appelant à l’égalité des sexes comme une rébellion armée constituent une forme grave de discrimination fondée sur le sexe.
Dans un contexte connexe, plus de 400 femmes de renommée internationale, dont des lauréates du prix Nobel, d’anciennes présidentes de Suisse et d’Équateur, ainsi que d’anciens premiers ministres de Finlande, du Pérou, de Pologne et d’Ukraine, ont signé un appel international demandant la libération immédiate de Zahra Tabari et l’arrêt de son exécution.
Les données relatives aux droits de l’homme indiquent qu’au moins 52 personnes sont actuellement passibles de la peine de mort en Iran pour des motifs liés à la « sécurité nationale », notamment la rébellion armée, l' »hostilité à l’égard de Dieu », la « corruption de la terre » et l’espionnage.
Un autre militant iranien, Bakhshan Azizi, risque également d’être exécuté sur la base d’accusations similaires à celles portées contre Zahra Tabari, alors que la situation des droits de l’homme dans le pays préoccupe de plus en plus la communauté internationale.