L’Algérie a annoncé la fermeture de son espace aérien à tous les vols à destination et en provenance du Mali, dans le cadre d’une escalade qui intervient dans un contexte de tension diplomatique croissante entre l’Algérie et le gouvernement de transition dirigé par l’armée à Bamako. Dans une déclaration officielle, le ministère algérien des affaires étrangères a expliqué que cette décision faisait suite à ce qu’il a décrit comme des « violations répétées » de l’espace aérien algérien par des drones en provenance du sud du Mali.
L’Algérie a indiqué qu’un drone malien avait violé l’espace aérien algérien dans la nuit du 31 mars, pénétrant de 1,6 kilomètre dans le territoire national, avant de pénétrer à nouveau dans l’espace aérien malien par une route que les autorités algériennes ont qualifiée d' »hostile ». Les forces algériennes ont confirmé l’abattage du drone, tout en faisant référence à des incidents similaires survenus en août et en décembre de l’année dernière, et en confirmant qu’elles disposent de données radar prouvant ces violations.
Bien que l’Algérie ait justifié sa décision par des considérations de sécurité et de défense, le moment choisi pour l’annoncer soulève de nombreuses questions, d’autant plus qu’il intervient après une vague d’accusations du Mali et de ses alliés dans la région – le Burkina Faso et le Niger – qui accusent l’Algérie d’abriter des groupes armés dans la région du Sahel et de tenter d’influer sur la souveraineté de leurs gouvernements. L’Algérie a fermement démenti ces accusations, les qualifiant d' »infondées » et « manquant de sérieux pour y répondre ».
Le communiqué officiel algérien a attiré l’attention par son ton inhabituellement agressif, décrivant les dirigeants maliens comme « une clique mue par des ambitions personnelles », les accusant de « glisser vers le chaos » et considérant l’Algérie comme le « bouc émissaire d’un échec interne ».
L’Algérie a également exprimé son « profond regret » que le Niger et le Burkina Faso se soient joints à ce qu’elle considère comme un « faux récit malien » et a annoncé le rappel de ses ambassadeurs dans les deux pays pour consultations, dans une démarche diplomatique qui signale une escalade potentielle dans les relations de l’Algérie avec l’ensemble de la région.
Les observateurs estiment que l’approche conflictuelle de l’Algérie pourrait accroître les tensions dans la région du Sahel, qui souffre déjà de crises multiples, notamment d’insurrections armées, de coups d’État militaires et de la désintégration des alliances régionales. La décision de fermer l’espace aérien et de suspendre les contacts diplomatiques risque de réduire les chances d’apaisement et de coordination, à un moment où l’unité régionale est cruciale pour faire face aux menaces communes qui pèsent sur la sécurité.
Le gouvernement malien n’a pas réagi officiellement au moment de la publication de l’information, et les répercussions de cette escalade ne sont pas encore claires sur la coopération en matière de sécurité dans la région du Sahel, en particulier à la lumière de l’influence croissante de la Russie et du retrait progressif des forces occidentales de la région.