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Face aux défis économiques locaux et internationaux, la politique fiscale au Maroc est confrontée à une équation délicate : la nécessité de mobiliser des ressources financières supplémentaires pour financer les politiques publiques d’une part, et d’assurer l’attractivité du climat d’investissement d’autre part. Le gouvernement cherche à renforcer l’assiette fiscale, alors que les experts économiques mettent en garde contre l’impact sur la compétitivité des entreprises, notamment des petites et moyennes entreprises, et sur le pouvoir d’achat de la classe moyenne.
Nouvelles taxes et efforts pour élargir l’assiette fiscale
La stratégie d’expansion fiscale inclut de nouveaux secteurs, notamment les activités numériques et les plateformes de médias sociaux, ce qu’un certain nombre d’experts considèrent comme un pas en avant vers la justice fiscale. Cependant, l’efficacité de ces mesures dans l’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale reste discutable, étant donné le manque de clarté et de stabilité de la législation.
Alheiri : Le manque d’égalité et de visibilité nuit à la confiance des investisseurs
Le système fiscal marocain souffre de « l’absence d “égalité devant l’impôt et de l’instabilité de la législation”, car les lois changent d’une année fiscale à l’autre, ce qui affecte négativement la confiance des investisseurs, a déclaré Abdelrazak El-Hiri, professeur d » économie à l’université Mohamed Ben Abdallah de Fès.
La loi-cadre sur la réforme fiscale, issue du débat national sur la fiscalité de 2019, a tenté de répondre à ces questions en orientant la politique fiscale vers le soutien à l’investissement productif et à la création d’emplois, ainsi que vers la réduction des disparités sociales et la promotion de la justice régionale.
La réforme vise également à réduire la charge pesant sur les salaires, qui constituent la principale source de recettes fiscales, en imposant des taxes à de nouveaux secteurs qui n’étaient pas couverts auparavant, a-t-il déclaré.
Variole : Des réformes positives contrebalancées par la pression exercée sur les petites entreprises
L’analyste économique Mohammed Jadri a déclaré que les impôts restent une source essentielle de financement du budget public, y compris pour les dépenses de fonctionnement et le service de la dette. Il a salué les mesures prises par le gouvernement, notamment la réduction du taux d’imposition des moyennes entreprises de 30 % à 20 %, qu’il considère comme une étape positive.
D’autre part, M. Jadri a mis en garde contre le fait que l’augmentation de l’impôt sur les petites et très petites entreprises de 10 à 20 % pourrait affaiblir cette catégorie, en particulier dans des conditions économiques complexes, menaçant ainsi d’accroître la fuite vers le secteur informel.
Taxe sur la valeur ajoutée et impôt sur le revenu Impact direct sur les citoyens
M. Jadri a expliqué que la réforme de la TVA vise à uniformiser les taux d’imposition afin de réduire les inégalités, mais que son impact se fait surtout sentir sur le consommateur final. Il a également critiqué la réforme de l’impôt sur le revenu, estimant qu’elle n’a pas donné de résultats tangibles pour la classe moyenne, les réductions se situant entre 150 et 400 dirhams seulement, sans compenser les effets de l’inflation ou du gel des salaires, ce qui érode encore plus le pouvoir d’achat.
En ce qui concerne l’entrepreneur indépendant, Jadri a souligné que l’augmentation du taux d’imposition à 30 % s’il dépasse 80 000 dirhams avec un seul client a incité certains acteurs à sortir du secteur structuré, appelant à la simplification des procédures et à la réduction de la pression fiscale pour encourager l’inclusion économique.
Confiance des investisseurs et durabilité de la politique fiscale
Les experts ont conclu que le succès de la politique fiscale marocaine dépend de l’amélioration de la relation entre l’administration fiscale et les contribuables en établissant la transparence, en simplifiant les procédures et en stabilisant les textes juridiques. Ils ont également souligné la nécessité de créer un environnement fiscal qui stimule l’investissement, prend en compte la spécificité des différents groupes économiques et contribue à la réalisation d’un développement équitable et inclusif.