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La Cour constitutionnelle marocaine a rendu sa décision de ratifier la loi organique 97.15 sur les grèves, estimant qu’elle n’est pas en contradiction avec les dispositions de la Constitution, malgré la vaste controverse qui a accompagné sa discussion et son adoption.
Détails de la légalisation
La décision de la Cour, présidée par Mohamed Amine Benabdallah, est intervenue après une étude approfondie des articles de la loi, en particulier les articles 1, 5 et 12, qui ont suscité un large débat entre le gouvernement et les syndicats.
Dans sa décision, la Cour a expliqué que la Constitution, en vertu de l’article 29, confère au droit réglementaire le pouvoir de déterminer les conditions d’exercice du droit de grève, à condition que la législation n’excède pas le champ d’application du mandat constitutionnel.
- Article 1er: La Cour souligne que la loi réglementaire fixe le cadre général de l’exercice du droit de grève dans le respect des principes constitutionnels et des conventions internationales, sans constituer une violation de la Constitution.
- L‘article 5, qui considère les grèves illégalescomme illégales, ne s’écarte pas du cadre constitutionnel, mais est subordonné à la condition de ne pas imposer de textes réglementaires allant au-delà des dispositions de la loi organique.
- L’article 12, relatif aux procédures de grève dans le secteur privé, a été partiellement approuvé, soulignant que tout texte réglementaire complémentaire ne peut imposer des procédures supplémentaires non prévues par la loi fondamentale.
Rejet du syndicat et répercussions sociales
Cette loi s’est heurtée à l’opposition farouche des principaux syndicats, qui y ont vu une restriction injustifiée des droits des travailleurs et l’octroi de pouvoirs étendus au gouvernement pour intervenir dans les grèves.
Cette loi a entraîné une grève générale de deux jours le mois dernier, touchant plusieurs secteurs vitaux, notamment l’éducation, la santé, la justice, la banque et l’exploitation minière, et provoquant des perturbations majeures dans des villes telles que Casablanca et Tanger.
- L’Union marocaine du travail (UMT), dirigée par Melody Mokharek, a estimé que la loi était rétrograde et anticonstitutionnelle, et a demandé au gouvernement de la geler immédiatement.
- Le gouvernement a fait quelques concessions, notamment l’interdiction de remplacer les travailleurs en grève par des employés temporaires, mais cela n’a pas suffi à calmer la colère des syndicats.
Statistiques contradictoires sur le taux de participation à la grève
- Selon les syndicats, 84,9 % des travailleurs ont participé à la grève, ce qui contredit les chiffres officiels cités par le ministre de l’inclusion économique, Younes Sakkouri, qui a fait état d’un taux de participation de 32 % dans le secteur public et de seulement 1,4 % dans le secteur privé.
Un contexte économique difficile
Le débat coïncide avec une crise économique croissante, avec un taux de chômage de 13 % et de 37 % chez les jeunes, ainsi qu’avec la hausse des prix des produits de première nécessité, qui a exacerbé les tensions sociales entre les syndicats et le gouvernement.
L’étape suivante : Application conditionnelle de la loi
L’article 132 de la constitution marocaine stipule que les lois réglementaires doivent être approuvées par la Cour constitutionnelle avant d’être promulguées. Malgré l’approbation, l’arrêt a fixé des limites claires à l’application de la loi, notamment en ce qui concerne les mécanismes de mise en œuvre des grèves dans le secteur privé et les contrôles de l’intervention du gouvernement.