Lors d’une rencontre officielle qui a surpris les milieux politiques, le président américain Donald Trump a confronté son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa à des accusations explicites de ce qu’il a qualifié de « génocide » contre la minorité blanche en Afrique du Sud, citant des photos, des vidéos et des articles de presse qui constituent, selon lui, des « preuves irréfutables ».
La réunion, qui s’est déroulée dans le bureau ovale en présence des médias, a commencé par une courtoisie officielle et un calme diplomatique, avant de prendre un tournant lorsqu’il a été demandé à M. Trump s’il était convaincu qu’il n’y avait pas de génocide en Afrique du Sud. Le président américain a alors ordonné à son équipe de diffuser une vidéo controversée montrant l’homme politique sud-africain Julius Malema, chef du parti Economic Freedom Fighters (Combattants pour la liberté économique), faisant des déclarations qui ont été considérées comme soutenant les accusations américaines.
En réponse à la vidéo, M. Ramaphosa a précisé que M. Malema « ne représente pas le gouvernement », mais qu’il est un membre du parlement appartenant à un parti minoritaire :
« Nous avons une démocratie pluraliste qui permet des opinions divergentes, et les remarques de Malema ne représentent pas les politiques de l’État, que nous rejetons totalement.
M. Ramaphosa a posé une question sarcastique : « Savez-vous, Monsieur le Président, où cette vidéo a été filmée ? « Savez-vous, Monsieur le Président, où cette vidéo a été filmée ? Parce que je ne l’ai jamais vue auparavant », a répondu M. Trump : « Je ne sais pas ».
Pendant la présentation, la délégation sud-africaine a semblé sourire, dans une scène qui reflétait la surprise ou une tentative d’absorber l’embarras, d’autant plus que la réunion a eu lieu à la demande officielle du gouvernement sud-africain, dans un contexte de relations tendues entre les deux pays à la suite d’une loi controversée qui permet l’expropriation de certaines terres sans compensation.
M. Trump a accusé à plusieurs reprises le gouvernement sud-africain de « discrimination à l “égard des Blancs”, l’accusant de mener des politiques raciales inversées sous le prétexte d’une redistribution post-apartheid. En février, il a interrompu l »aide américaine destinée à lutter contre le sida en Afrique du Sud, citant la « confiscation de terres et le mauvais traitement de certains groupes » par le gouvernement.
Selon le gouvernement Ramaphosa, ces allégations sont fondées sur une « propagande diffusée par des Afrikaners blancs », descendants des colonisateurs européens, dans le but de « ternir l’image de l’Afrique du Sud et de saper sa position de soutien à la cause palestinienne devant la Cour internationale de justice ».
Certains sites Internet affirment qu’il y a des dizaines de meurtres quotidiens de fermiers blancs, mais les rapports officiels indiquent que le nombre de meurtres de fermiers – toutes races confondues – ne dépasse pas 50 cas par an, dans un pays qui a connu plus de 19 000 meurtres rien qu’entre janvier et septembre 2024.
M. Trump a menacé de boycotter le sommet du G20 prévu à Johannesburg en novembre, alors que des divergences persistent entre les deux pays sur des questions foncières, raciales et de politique étrangère.