Le Premier ministre thaïlandais Antoine Charnwirakul a officiellement dissous le parlement vendredi (12 décembre 2025), ouvrant ainsi la voie à des élections générales au début de l’année prochaine, dans un contexte de tensions politiques internes exacerbées par de nouveaux affrontements militaires à la frontière avec le Cambodge.
Le roi Maha Vajiralongkorn a approuvé le décret royal, qui est entré en vigueur immédiatement après sa publication au journal officiel, après qu’Anutin a souligné, dans un message publié sur Facebook, son intention de « rendre le pouvoir au peuple ». Conformément à la constitution thaïlandaise, des élections doivent être organisées dans les 45 à 60 jours, car Anutin dirigera un gouvernement intérimaire doté de pouvoirs limités pour adopter un nouveau budget.
Contexte politique : Crise interne coïncidant avec un conflit externe La décision de dissolution a été prise en réponse à l’incapacité du parlement à adopter des amendements constitutionnels, sous la pression de l’opposition, qui a menacé de déposer une motion de censure. Anutin a pris ses fonctions en septembre 2025, après que Patongtarn Shinawatra a été écarté de la Cour constitutionnelle pour des violations de l’éthique liées au conflit avec le Cambodge. Son parti, le Bumjaithai, a obtenu la majorité avec le soutien de l’opposition en échange de sa promesse de dissoudre le parlement dans les quatre mois et d’organiser un référendum sur une nouvelle constitution.
Les analystes politiques, comme Napon Jatusripataka, considèrent cette solution comme un pari sur le changement d’état d’esprit de l’opinion publique, d’autant plus que Antoine a déjà été critiqué pour sa mauvaise gestion des inondations dans le sud du pays et pour les scandales de corruption. Le conflit frontalier actuel, qui a suscité une ferveur nationaliste, donne à Antoine l’occasion de renforcer sa popularité en tant que défenseur de la souveraineté nationale, mais met l’économie plus en danger avec le ralentissement de la croissance (1,2 % au troisième trimestre) et la perte des marchés d’exportation cambodgiens (3 % du total des exportations thaïlandaises).
Différend frontalier : L’escalade menace la stabilité régionale La solution a coïncidé avec l’escalade des affrontements armés à la frontière avec le Cambodge, qui sont entrés dans leur cinquième jour vendredi, avec 20 personnes (dont un soldat thaïlandais et quatre civils) tuées, plus de 260 blessées et des centaines de milliers de personnes évacuées. Les affrontements ont commencé le 8 décembre avec les premières frappes aériennes thaïlandaises depuis juillet, après qu’un soldat a été tué et quatre blessés lors d’affrontements frontaliers, et se sont étendus à plus d’une douzaine de points, avec des échanges de tirs aériens et d’artillerie.
Chaque partie accuse l’autre de rompre l’accord de cessez-le-feu que Trump a autorisé en juillet et qui a été signé en octobre lors d’un sommet en Malaisie parrainé par le président américain. Cet accord prévoyait le retrait des armes lourdes, la mise en place d’observateurs internationaux et la libération de 18 prisonniers cambodgiens. Antoine a souligné que la solution n’affecterait pas les opérations militaires, insistant sur le « droit légitime de défendre la souveraineté ».
Impacts économiques et internationaux Le différend exacerbe l’économie thaïlandaise, qui connaît une croissance lente (1,6 % prévu pour 2026), avec la perte du marché cambodgien (11e rang mondial pour les exportations) et la pénurie de main-d’œuvre cambodgienne. L’accord américain menace également d’augmenter les droits de douane si les négociations échouent. Sur le plan international, le pape Léon IV a exprimé sa « profonde tristesse » et le Cambodge s’est retiré des Jeux d’Asie du Sud-Est organisés en Thaïlande pour des raisons de sécurité.